| | un boudin d'un chemin | |
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leclere Addict Forum Psychothérapie
Messages : 113 Date d'inscription : 13/12/2013 Age : 56
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| Sujet: un boudin d'un chemin Dim 27 Jan 2019 - 12:07 | |
| François est un homme d'une quarantaine d'années. Il a subi un important traumatisme crânien suite à un accident de voiture. Sa première réalisation est une informe boule qu'il perce de trous avec son doigt. Il parle de son accident, dit que c'est son cerveau, que ce dernier n'est plus rond mais carré, que ça ne va pas, qu'il n'est pas fou, que les trous sont à cause de l’accident, de bombes,évoque la mort, la guerre, et cela pendant plusieurs séances. Puis, pendant une séance, je le vois sourire en réalisant un très très fin boudin d'argile (un cheveu dira-t-il) qu'il s'amuse à coller sur sa «tête» puis à décoller, lui cherchant une place que finalement il ne trouvera pas pour revenir rapidement à ses trous et son discours morbide. Chemin faisant les trous se sont déplacés pour finalement devenir des yeux, la bouche le nez, avec un autre au milieu du front. La forme de la tête s'est précisée, la «patate» s'est aplatie en un masque. Son modelage était posé à plat sur le carrelage qui sert de support. Suite à son désir d'en rester là, je lui dit qu'il est libre de faire ce qu'il veut mais que si il prend cette décision l'argile sera sèche à la prochaine séance et rendra toute modification importante difficile voire impossible. François hésite alors et fait des boudins d'argile volumineux, créations basiques mais qu'il n'a pas réitéré depuis son «cheveu»et cela il y a plusieurs semaines. Il en prend alors quatre qu'il dresse aux quatre coins du carrelage et un cinquième plus petit qu'il introduit dans le trou au milieu du front pour ensuite l'y retirer, geste qu'il fait non sans un certain sourire accompagné, quand il introduit le boudin d'argile dans le trou au milieu du front de «là elle y est plus» et quand il le retire «là elle y est» propos sexuels assumés qu'il prononcera à de nombreuses reprises en souriant, voir en rigolant. Il a souhaité coller une colonne à chaque coin de son carrelage encadrant ainsi le visage, collé lui aussi. Concernant le boudin dont il se servait pour boucher et déboucher le trou du front il a décidé de préserver le geste en le faisant sécher à part. Une fois séchée il a égayé son œuvre en la peignant de couleurs vives et l'a emmenée dans sa chambre. Quelques semaines après François a demandé à l’infirmière si on pouvait reboucher le trou qu'il avait à sa gorge, vilaine cicatrice laissée par une trachéotomie. Il fréquentait l'atelier avec entre autre un autre résident avec lequel il y avait de grandes tensions dans le foyer. Ces dernières se sont grandement apaisées par le biais de la relation de respect mutuel qu'il ont été amené à adopter dans l'atelier.
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| | | Delphine Expert Forum Psychothérapie
Messages : 1418 Date d'inscription : 17/07/2009
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| Sujet: névrose traumatique Lun 28 Jan 2019 - 18:13 | |
| On dirait bien des soins post traumatiques ou du moins son étude de cas, traitée par l'art ici donc.
Il n'y a pas trop à dire de plus à priori car vous avez tout dit ou presque en vos propres termes bien employés ici, et l'atelier artistique me semble un traitement promulgué dans les règles de l'art, sans vouloir faire de jeu de mots.
Bravo de partager ça avec nous ici.
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| | | cyrulnik Expert Forum Psychothérapie
Messages : 3609 Date d'inscription : 08/03/2010 Localisation : PARIS
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| Sujet: art thérapie Lun 28 Jan 2019 - 18:29 | |
| Chaque art a sa propre manière et approche ainsi que ses résultats. Moi qui pratique plutôt l'écriture je trouve ça hyper original la sculpture ou la poterie pour ne pas dire modelage Votre façon de décrire les faits est d'autant plus originale!!! merci de ce partage ici - leclere a écrit:
François est un homme d'une quarantaine d'années. Il a subi un important traumatisme crânien suite à un accident de voiture. Sa première réalisation est une informe boule qu'il perce de trous avec son doigt. Il parle de son accident, dit que c'est son cerveau, que ce dernier n'est plus rond mais carré, que ça ne va pas, qu'il n'est pas fou, que les trous sont à cause de l’accident, de bombes,évoque la mort, la guerre, et cela pendant plusieurs séances. Puis, pendant une séance, je le vois sourire en réalisant un très très fin boudin d'argile (un cheveu dira-t-il) qu'il s'amuse à coller sur sa «tête» puis à décoller, lui cherchant une place que finalement il ne trouvera pas pour revenir rapidement à ses trous et son discours morbide. Chemin faisant les trous se sont déplacés pour finalement devenir des yeux, la bouche le nez, avec un autre au milieu du front. La forme de la tête s'est précisée, la «patate» s'est aplatie en un masque. Son modelage était posé à plat sur le carrelage qui sert de support. Suite à son désir d'en rester là, je lui dit qu'il est libre de faire ce qu'il veut mais que si il prend cette décision l'argile sera sèche à la prochaine séance et rendra toute modification importante difficile voire impossible. François hésite alors et fait des boudins d'argile volumineux, créations basiques mais qu'il n'a pas réitéré depuis son «cheveu»et cela il y a plusieurs semaines. Il en prend alors quatre qu'il dresse aux quatre coins du carrelage et un cinquième plus petit qu'il introduit dans le trou au milieu du front pour ensuite l'y retirer, geste qu'il fait non sans un certain sourire accompagné, quand il introduit le boudin d'argile dans le trou au milieu du front de «là elle y est plus» et quand il le retire «là elle y est» propos sexuels assumés qu'il prononcera à de nombreuses reprises en souriant, voir en rigolant. Il a souhaité coller une colonne à chaque coin de son carrelage encadrant ainsi le visage, collé lui aussi. Concernant le boudin dont il se servait pour boucher et déboucher le trou du front il a décidé de préserver le geste en le faisant sécher à part. Une fois séchée il a égayé son œuvre en la peignant de couleurs vives et l'a emmenée dans sa chambre. Quelques semaines après François a demandé à l’infirmière si on pouvait reboucher le trou qu'il avait à sa gorge, vilaine cicatrice laissée par une trachéotomie. Il fréquentait l'atelier avec entre autre un autre résident avec lequel il y avait de grandes tensions dans le foyer. Ces dernières se sont grandement apaisées par le biais de la relation de respect mutuel qu'il ont été amené à adopter dans l'atelier. | |
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| Sujet: Re: un boudin d'un chemin | |
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